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Le système de chiffrage/déchiffrage américain M209

2 participants

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chris


Admin

Le système de chiffrage/déchiffrage américain M209 Dsc_7010


        En temps de guerre, les informations essentielles doivent être transmises rapidement sans que l’ennemi en prenne connaissance. Pendant la seconde guerre mondiale, de nombreuses communications se font par radio. C’est un moyen de communication pratique mais fragile car il suffit de se régler sur la même fréquence que l’ennemi pour intercepter ses messages. Les communications importantes doivent donc être rendues incompréhensibles. Elles sont « chiffrées ».
L’idée de rendre incompréhensible un message pour le masquer aux yeux de l’ennemi n’est pas récente. Pourtant, lors du premier conflit mondial, les sections spécialisées dans le chiffrage travaillent encore manuellement. Il faudra attendre le second conflit mondial pour voir apparaître des équipements spécifiques comme la machine « Enigma » allemande ou la machine « M209 » américaine.
En 1883, un hollandais, Auguste Kerckhoffs, énonce les principes de base d’un système de chiffrage (Stratégique 2014/1 (N° 105), pages 57 à 72) :

• Le système doit être “matériellement, sinon mathématiquement, indéchiffrable” ;
• Il ne doit pas exiger le secret, et on doit pouvoir le perdre sans inconvénient ;
• La clef du système doit pouvoir être communiquée et retenue sans note écrite, et pouvoir être “changée ou modifiée au gré des correspondants” ;
• Le système doit être applicable aux télégrammes ;
• Il doit être portatif, et son maniement doit pouvoir se faire tout seul ;
• Le système doit enfin être d’un usage facile, “ne demandant ni tension d’esprit, ni la connaissance d’une longue série de règles à observer”, étant donné que la plupart des erreurs proviennent de systèmes complexes.
• La sécurité d’un système de chiffrage ne doit pas dépendre de la préservation de l’algorithme. La sécurité ne repose que sur le secret de la clef.

        La M209 répond à la plupart de ces critères.
        Pour comprendre le fonctionnement de la machine M209, commençons par étudier la première méthode de chiffrage connue, le chiffre de Caesar, utilisé pour ses correspondances secrètes.
        Le chiffre de Caesar, bien connu des écoliers, consiste tout simplement à décaler l’alphabet d’un ou plusieurs crans. Par exemple A devient B. C’est ce qu’on appelle la clé de codage. Dans ce cas, « chiffre de Caesar » deviendrait :

CHIFFRE DE CAESAR           -->     DIJGGSF EF DBFTBS

       Pendant des centaines d’années, cette méthode fut suffisante pour brouiller les pistes. Avec l’évolution des mathématiques et le développement des calculs de fréquences par les arabes, la faiblesse du système est rapidement apparue. Quand on regarde le message chiffré de plus près, on s’aperçoit que la lettre F est répétée plusieurs fois. Plus la phrase codée est longue, plus la fréquence d’apparition de la lettre F sera précise. Dans la langue française, la lettre E est la plus fréquente. Il suffit donc de prendre pour hypothèse que le F désigne la lettre E et le décalage est dévoilé.

      Vers 1460, Alberti, imagine une méthode plus complexe en utilisant plusieurs décalages successifs. Imaginons par exemple :

La première lettre est décalée de 1
La seconde lettre est décalée de 2
La troisième lettre est décalée de 3
La quatrième est à nouveau décalée de 1

Dans ce cas, on obtient

CHIFFRE DE CAESAR           -->       DJLGHUF FH DCHTCU

       La lettre F est maintenant codée de 2 façons différentes : G et H. La méthode est beaucoup plus efficace mais peut encore être améliorée. C’est le français Blaise de Vigenère qui trouve la solution en 1523. Le système repose sur 26 alphabets différents : un pour chaque lettre à coder, chaque alphabet étant décalé d’un cran par rapport au précédent. En utilisant une phrase clé, placée sous la phrase à coder, on mesure le décalage d’alphabet nécessaire pour chaque lettre.
L’avantage, c’est qu’une même lettre peut être codée de plusieurs façons différentes mais le nombre de phrase clé est infini ! C’est presque le système idéal. Pourtant il fut ignoré pendant près de deux siècles en raison de sa complexité et donc du temps nécessaire pour décoder. D’autres méthodes alternatives seront utilisées à la place mais il se base tous sur un système de substitution.
Le chiffre de Vigenère tiendra jusqu’au XIXème siècle, lorsqu’un mathématicien du nom de Charles Babbage compris que la force du code tient dans la longueur de la clé. Plus la clé est courte, plus le risque de répéter les mêmes séquences de codage est élevé… C’est la fin du chiffre indéchiffrable… C’est pourtant le principe de base de notre machine mais la clé est beaucoup plus difficile à identifier.

        Le système de chiffrage M209 est entièrement mécanique et ne nécessite aucune source d’énergie. Conçue par l’ingénieur suédois Hagelin en 1939, elle permet de coder et décoder un message en imprimant le résultat sur une bande de papier. Facilement utilisable sur le terrain, elle ne nécessite pas de connaissance en cryptographie. La formation de ses opérateurs est donc très rapide. De taille réduite, la machine tient dans une simple sacoche.

Le système de chiffrage/déchiffrage américain M209 M209_m10


Le système de chiffrage/déchiffrage américain M209 Detail10

       
       Connue en tant que M209 dans l’US Army ou CSP 1500, elle sera construite à 150 000 exemplaires jusque dans les années 60 par la société Hagelin et la société Corona.
Il existe deux modèles : la M209A et la M209B. Les différences entre les deux modèles concernent majoritairement des simplifications des méthodes de production :

• Charnière à rivets sur la version A et soudée sur la version B
• Roulette de codage en aluminium sur la version A, en plastique sur la version B
• Le tampon de la société ALCOA Aluminium plus grande sur la version A et plus fine sur la version B.

       Le kit de la M209 contient tous les équipements nécessaires pour le réglage et l’entretien et l’utilisation :

• Un tube en aluminium contient des tampons encreurs
• Un tube contient de l’huile pour la mécanique
• Un tournevis et une pince Brussel sont utilisés pour le réglage
• Plusieurs rouleaux de ruban se place dans la pochette avant
• Un manuel technique TM 11-380
• Des carnets de retranscription des messages

      Comme la machine Enigma, la M209 utilise un système de roue de codage. Six roues de codage permettent de définir une première clé. Les roues ne disposent pas du même nombre de positions ou lettres.

Roue 1 : 26 lettres
Roue 2 : 25 lettres
Roue 3 : 23 lettres
Roue 4 : 21 lettres
Roue 5 : 19 lettres
Roue 6 : 17 lettres


       A chaque nouvelle lettre codée, les roues tournent d’un cran ce qui représentent plus de 101 000 000 de lettres codées avant de voir cette première clé se répéter ce qui est un avantage évident, la répétition étant une faiblesse dans tout système de cryptage comme nous l’avons vu précédemment. La position des lettres est choisie par l’opérateur et est indiquée dans le corps du message lui-même. Ce choix peut paraître absurde mais sans les réglages exacts des deuxièmes et troisièmes systèmes, il n’est d’aucune utilité.
      Le second système de « pins » placé sur chacune des lettres de chaque roue doit être réglé en plaçant des « pins » dans une certaine position. Placé à droite de la roue, il interagit avec un troisième système placé à l’arrière ce la machine. Les « pins » placés à gauche n’ont pas d’effet. Les positions sont sélectionnées aléatoirement à l’aide de cartes tirées au sort.
     Le troisième système va définir un décalage de lettre de 0 à 6 crans de manière quasi aléatoire puisqu’il dépend du réglage des « pins ».
Les deuxièmes et troisièmes systèmes sont réglés par des spécialistes du signal corps. Chaque jeu de machine sur une zone donnée doit en effet être configuré de la même façon pour que les opérateurs radio communiquent facilement entre eux.

Le système de chiffrage/déchiffrage américain M209 Dsc_7011

Au lien d’utiliser un mot ou une phrase clé, on utilise un ensemble de réglages. On retrouve le principe de Vigenère mais la clé devient mécanique et peut être changée à volonté.
La machine M209 est bien évidemment convoitée par les allemands. Les consignes sont simples : toute machine risquant d’être prise par l’ennemi doit être détruite ce qui explique leur rareté aujourd’hui.

Le système de chiffrage/déchiffrage américain M209 Conver10
Le parachutiste de droite porte la sacoche caractéristique de la machine M209.

le fidele et ecri60 aiment ce message

Lipton78

Lipton78

Sujet super intéressant.

Merci beaucoup pour le partage Smile
A+.

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